Art et Champagne

Les grandes familles champenoises ont, de tout temps, manifesté un certain attrait pour l’art. Néanmoins, de nos jours, ce sont surtout les grandes maisons de Champagne qui manifestent le plus d’intérêt pour cela.  Ces entreprises importantes s’en servent pour communiquer vers le public ou vers leur personnel.

L’art aide à exprimer des points de vue sur des sujets peu aisés à aborder directement  tels que ceux traitant de l’image d’une société ou de la culture d’entreprise. Cette idée très actuelle est est exprimée par Louis Rouzaud, directeur de La maison Roederer. Il représente la sixième  génération de cette ancienne maison fondée à Reims en 1776, une des dernières encore familiales et indépendantes.  Il affirme : « J’ai la chance d’être dans une maison dont j’ai hérité et il me semble normal de rendre un peu de cet héritage en participant à la vie de la société. Quand, par exemple, nous demandons à nos collaborateurs de travailler en biodynamie, nous savons que c’est un effort, que ça leur demande du temps, une attention particulière à la nature, et j’ai la faiblesse de penser qu’une entreprise qui porte des principes comme ceux du mécénat infuse ces valeurs auprès de ses équipes, leur permettant peut-être de s’exprimer de façon plus artistique et responsable.»

L’art tient une grande place dans la communication des grandes maisons de Champagne. « Le regard de l’artiste nous en apprend plus sur nous-mêmes. Il nous aide à rester contemporain et innovant. » selon  Fabien Vallérian directeur international de la communication de Ruinart maison la plus ancienne, ayant été fondée en 1729, acquise par LVMH en1988.

Parmis les plus anciennes collaborations, on site souvent, la commande d’affiches publicitaires faite en 1896 par André Ruinart à un illustrateur et décorateur tchèque pratiquant l’Art Nouveau , Alphonse Mucha, né en 1860.  Ce mouvement de la fin du XIXème siècle et du debut XXème, est connu pour  ses courbes et sa réaction contre les excès de l’industrialisation et des anciens styles.

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Utilisation de l’art pour le marketing produit

Les collaboration entre les maisons de Champagne et les artistes ont permis dans la plupart des cas de sophistiquer le look des bouteilles ou du packaging et de tirer partie de l’image des artistes.

Perrier-Jouët et l'Art Nouveau

En 1902  Pierre-Nicolas Perrier fondateur  de maison Perrier-Jouët, qui existe depuis 1811, avait commandé la décoration de ses bouteilles à un spécialiste dans les arts appliqués, Emile Gallé, né  1846. C’est à  ce pionnier des arts nouveaux, que l’on doit les fameuses anémones qui ornent encore aujourd’hui les cuvées Belle Epoque. Une telle communication est pertinence à l’époque actuelle très marquée par l’intérêt pour la nature. 

Dom Pérignon et Jeff Koons

En 2013, Dom Pérignon, grande marque du groupe LVMH, a revu  l’habillage de son millésime 2003. Elle en a fait une série limitée, sur la base d’une œuvre commandée à Jeff Koons sculpteur prestigieux de style kitsch néo-pop américain. Ce plasticien, né le 21 janvier 1955 à York en Pennsylvanie a, pour cela, réalisé une œuvre « Balloon Venus ». Ce célèbre personnage, créateur  de  l'Inflatable Rabbit et des Balloon Dogs, a pris pour model  la fameuse Vénus de Willendorf. Cette statuette en calcaire du Paléolithique supérieur, avait été découverte à l’occasion de travaux de construction d’un ligne de chemin de fer en 1908 à Willendorf, en Autriche. Cette réalisation a surement permis à  l’entreprise de rajeunir un produit vieillissant, « le dompé ».

Les pois colorés de Veuve Clicquot

La maison Veuve Clicquot  fondée en a 1772, appartenant au groupe LVMH depuis 1988, a réalisé, en 2012, une édition spéciale de sa cuvée fétiche « La Grande Dame ». Elle a, pour cela, fait appel à la japonaise  avant-gardiste, Yayoi Kusama née en 1929. Cette artiste contemporaine a recouvert la bouteille, ainsi que son coffret des fameux pois colorés, motif qui a fait son succès.  Une telle opération a surement abouti à  revaloriser la marque.

Ruinart et le style disruptif de David Shrigley

La maison Ruinart a créé en 2021 une série limitée de 30 exemplaire Unconventional Bubbles ou Bulles Singulières qui avait  été mise en vente au prix de 3500€ pour sa cuvée emblématique  Blanc de Blancs.

Elle a, pour cela, collaboré, avec un britannique David Shrigley  né en 1968, réputé pour son style humoristique et décalé. Un trait simpliste le caractérise. Il interpelle par des thèmes volontairement idiots, associés à  des  phrases aberrantes. Sa démarche s’apparente à la lucidité souvent très pertinente des  dessins d'enfant. Il pratique l’humour de façon systématique pour exprimer des réalités, qu’elles soient heureuses ou sordides. Son style disruptif a surement eu comme résultat de rajeunir une marque vieillissante.

Perrier-Jouët et le design

Perrier-Jouët a pour son 200ème anniversaire, en 2011, « re-designé » la bouteille de sa grande cuvée, Belle Epoque, en partenariat avec l’américain Daniel Arsham né en 1980. Ce passionné d’art et de mathématiques avait  fréquenté la Design and Architecture High School à Miami. Le but premier du design est  d’améliorer un élément. Cette collaboration s’est ainsi traduit par un coffret contenait 2 magnums du millésime 1998 de la cuvée Belle Epoque, vendu 10.000€. Elle a surement eu comme effet le préciser le message de la marque.

Utilisation de l’art pour l’art

Certaines maisons ont, comme Ruinart, collaboré avec des artistes en les immergeant dans la maison, pour capter leur point de vue sur leur histoire et leur savoir faire.

Ainsi Gideon Rubin s’est servi de leurs cartons usagés comme toiles. Cet artiste né en Israel en 1974 travaille sur des thèmes comme l’enfance la famille ou la mémoire.

Georgia Russell a, quant à  elle, réalisé  une sculpture en utilisant une reproduction de leur  premier livre de comptes. Cette artiste née en Écosse en 1974, travaille avec des découpages. Elle est connue pour ses thèmes sur le rythme et la répétition des gestes qu’elle aborde fréquemment.

COLLABORATION AVEC LES GALERIES

Dès le début des années 90, Ruinart collabore avec groupes de galeries : celles d’art contemporain de la rue Louise-Weiss à Paris, le Carré Rive Gauche qui associe aussi antiquaires et PAD Paris spécialisé dans le design. Une telle collaboration s’est traduite par la participation ou le soutien à  des événements.

CREATION DE FONDATION

La maison Louis Roederer a créé une fondation en 2012 dotée d’un budget annuel autour de 583 000 euros. Cette organisation fait du mécénat culturel avec pour objectif de  soutenir la création artistique contemporaine et la transmission des connaissances.

COLLABORATION AVEC DES MUSEES

La communication de Roederer  intègre aussi le partenariat avec des  musées, ce qui accroit ses possibilité pour  découvrir des nouveaux talents. Des actions d’envergure ont été menées avec la Bibiothèque Nationale, le Grand Palais et le Palais de Tokyo. Concernant la BNF, le projet a porté sur son immense collection de photos.

PARTENARIAT AVEC DES FOIRES

Fabian Vallérian, le directeur international de la communication de Ruinart a  mis en place des  partenariats avec des foires d’art importantes telles que Art Basel Miami et la Fiac où ils ont  commandé des œuvres.

Depuis 2012, Perrier-Jouët est partenaire de Design Miami société de design américaine. Celle-ci organise des foires  à Miami et une à Bâle. La maison de Champagne en profite ainsi pour présenter des œuvres de jeunes talents qu’elle a commissionnés.

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ORGANISATION D’EXPOSITIONS EN INTERNE

Dans les crayères de Pommery

Chez Vranken, associé à Pommery racheté à LVMH en 2003 , l’art est présent dans les murs grâce aux expositions organisées dans leurs crayères par Nathalie Vranken :  les Expériences Pommery.  Elle nomme des commissaires attitrés à ces événements d’importance régionale qui attirent, en moyenne,  130 000 visiteurs par an.

Dans la Maison Bell-Epoque de Perrier-Jouët

Perrier-Jouët possède une grande collection d’Art Nouveau que l’on peut admirer dans « La maison Belle-Epoque » qu’elle possède également à Epernay. Les artistes traitent, sous l’angle du beau, les thèmes très actuels liés à la nature tels que l’environnement et la biodiversité.

PARTICIPATION A DES EXPOSITIONS

La principale exposition est  le festival d’art contemporain Vign’Art. Celle-ci est sur le mode du land art qui existe depuis 1968 . Le paysage champenois est souvent le thème choisi. Les artistes utilisent le cadre et les matériaux de la nature. Un tel événement se déroule le plus souvent en extérieur, intégrant les risques de destruction des œuvres par la nature. Ce évènement est organisée autour d’un circuit oenotouristique qui intègre différents secteurs de la région.

Des maisons de taille moyenne telles que Gosset accueillent souvent des œuvres dans leur parc  telles que  « Nouveau souffle » de Vincent Rahir. Celle-ci évoque, sur une thématique viticole, l’histoire du terroir. L’artiste, né en 1987 à Épernay,  est proche de la nature. Il pratique l’éco-design, mélange très actuel d’écologie et de design. »

Gosset a aussi exposé « Réflexions en Champagne » de Bob Budd, qui aborde la gastronomie, en plus de la thématique viticole.